Je continue de suivre - la litanie des repassages étant hélas sans fin - le cours d'Antoine Compagnon au Collège de France sur l'annus mirabilis 1966. Ce matin, j'ai donc écouté le cours du 1er février 2011, consacré à Marcel Proust. On se souvient peut-être que dans le premier cours Victor Hugo avait été cité comme exemple par son intérêt porté à une année précise, en l'occurrence 1815, dans Les Misérables. Ce pourquoi j'en avais fait mention dans le premier article de ce blog. Or, dans ce quatrième cours, Compagnon, qui considère l'année 1966 comme une année éminemment proustienne de par la parution de la grande biographie de Proust écrite par l'anglais Georges Painter, fait référence à une émission antérieure qui lui apparaît également comme un tournant de la réception de Proust en France. Emission de la télévision française, alors en noir et blanc et réduite à une seule chaîne, en date du 11 janvier 1962, réalisée par Gérard Herzog, produite par Roger Stéphane et commentée par Albert Olivier, trois anciens résistants, note-t-il en passant, et ceci n'est pas un hasard. La voici donc , telle qu'on peut la trouver sur le site de l'INA* :
C'est à une vraie méditation sur la fonction et l'histoire de la télévision que nous invite une telle émission. Compagnon déclare lui-même que la télévision des années 60 est une télévision de haute culture, où les dramatiques étaient le genre-roi, au service des classiques, mais il ajoute que l'année 65-66 marque aussi un peu la fin de l'aventure culturelle de cette télévision de culture supérieure, dirigée par des hommes venus donc de la Résistance et appartenant à l'aile culturelle du gaullisme revenu au pouvoir en 1958.
Cette volonté éducative, cette volonté d'amener la culture vers le peuple, est perceptible à la même époque dans l' initiative de Michel Philippe, alors animateur de l'association "Fêtes et jeux en Berry" dont le but, je cite un article de journal de l'époque, est de créer 'un mouvement qui s'appuie sur tout le monde, sans distinction de classes sociales, d'opinions politiques ou religieuses, pour redonner le goût du vrai théâtre en redonnant à tous le sens collectif de la vie, " en s'appuyant "sur les œuvres populaires et célèbres de nos grands romanciers." Cette même année 1962, ce n'est pas seulement à Cluis qu'il monte Les Misérables, mais aussi au Blanc, en Ville Haute (mais au vu des articles que j'ai pu rassembler, il semble que la représentation blançoise ait été d'une moindre ampleur).
Petit bonus : en recherchant l'émission mentionnée par Compagnon, mais qui n'était pas visible sur la vidéo du Collège de France, j'ai trouvé une autre vidéo de l'INA, concernant les Actualités françaises au 8 août 1962, au plein cœur donc de la période théâtrale, à trois jours de la grande première :
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* Le même site où l'on pouvait retrouver l'émission Lectures pour tous, où intervenait Roland Dubillard, cette même année 1962.
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