C'est le genre de choses que j'écoute en repassant. Je dis bien "en repassant", car je repasse, voyez-vous, en général le samedi matin, et, contrairement à une certaine doxa féministe qui va répétant que l'homme est un animal monotâche, je parviens assez bien à manier le fer et entendre le verbe. Donc, j'étais à l'écoute de ce premier cours où A. Compagnon s'expliquait sur les raisons qui l'avaient poussé à consacrer tout un cycle de conférences à une année, et spécialement l'année 1966, lorsque je l'entendis évoquer Les Misérables, où Victor Hugo consacre tout un chapitre à l'année 1817 (on peut se reporter à la vidéo du lien au-dessus).
Il cite en particulier ce paragraphe terminal :
Voilà, pêle-mêle, ce qui surnage confusément de l’année 1817, oubliée aujourd’hui. L’histoire néglige presque toutes ces particularités, et ne peut faire autrement ; l’infini l’envahirait. Pourtant ces détails, qu’on appelle à tort petits, – il n’y a ni petits faits dans l’humanité, ni petites feuilles dans la végétation, – sont utiles. C’est de la physionomie des années que se compose la figure des siècles.
Il reste que cette double attention à Hugo et à une année bien particulière épouse le mouvement même du projet qui nous occupe, car il s'agit bien, pareillement, de pénétrer l’œuvre afin d'en faire surgir les aspects essentiels, tout en l'inscrivant dans cette année 1962, où la volonté d'un homme, emblématique d'un projet humaniste visant à porter la culture dans le peuple, rencontre l'enthousiasme de tout un village, au sortir des années de guerre qui se sont prolongées avec la toute récente guerre d'Algérie, fort de toute une jeunesse prête à s'investir sans compter son temps et sa fatigue.
C'est - reprenons les termes de Hugo - la physionomie de cette année 1962 que je veux essayer d'appréhender dans les mois qui viennent, afin d'en donner au public, à travers quelques détails significatifs, une version qui ne la trahirait pas. Je m'en tiendrai à ce modeste objectif.
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