samedi 31 mars 2012

Hugo dans la campagne

Lire une page entière des Misérables dans un meeting politique, c'est ce que n'a pas hésité à faire Jean-Luc Mélenchon à Villeurbanne, affirmant répondre ainsi à une observatrice qui le jugeait trop intellectuel pour son public. Contre-pied bravache, et exercice plutôt réussi si l'on en juge sur la vidéo ci-dessus.



Qu'on n'assimile pas cet article à une prise de position (je l'eusse écrit de même si un autre candidat à la présidentielle avait cité longuement Hugo), il me semble seulement que ce geste valait le coup d'être relevé, car cela montre une fois de plus l'actualité du roman, la force de sa langue, sa capacité à remuer les consciences.

vendredi 30 mars 2012

Cosette and others

Le vote des membres du bureau du Manteau d'Arlequin a confirmé le sondage réalisé ici sur le blog : c'est donc bien Cosette qui sera l'affiche des Misérables 62. Bravo à son créateur, Frédéric Mur, déjà auteur de l'affiche de Dracula, en 2010, et dont on pourra découvrir sur son blog quelques facettes de son travail dans le domaine des comics.
Voici une version retouchée (dans la typo) de Cosette :


Pour ceux que ça intéresse, quelques détails maintenant sur l'élaboration de l'affiche. Elle croise deux sources esthétiques, d'une part la célèbre gravure d' Emile-Antoine Bayard, représentant Cosette avec son immense balai (belle analyse de l’œuvre sur le site de L'Histoire par l'Image), d'autre part le style de l'artiste américain Roy Lichtenstein, avec ses trames empruntées au monde de la bande dessinée.



C'est en 1962 que Lichtenstein expose seul pour la première fois, à la galerie de Léo Castelli. Sa renommée est déjà telle que tous les tableaux sont achetés avant même l'inauguration.
Ce n'est pas le seul projet que Fred nous a présenté puisqu'il a réalisé cinq autres affiches également inspirées par le Pop Art, le Nouveau Réalisme avec Yves Klein, mais aussi le cinéma (Godard), et même Cloclo, qui faisait en 62 son apparition.
Vous pouvez retrouver ces autres projets, ainsi que tous les autres, dans cette galerie Vuvox.



Merci aussi à Djoni Matisse, mon ami, pour ses belles propositions, ainsi qu'à Emilie et Hervé, dont j'ai aimé aussi la richesse des idées.

samedi 17 mars 2012

Affiche : le dilemme

Hier soir, réunion du Manteau chez Martine et Bruno. Entre autres choses, nous débattons de l'affiche du spectacle, dont tous les projets nous sont maintenant parvenus. Riches propositions, très variées (l'ensemble sera mis en ligne un de ces jours). Nous nous accordons très vite sur le fait que l'affiche qui sera retenue doit évoquer à la fois l’œuvre de Hugo et l'année 1962. Un mix qui n'est pas si simple à obtenir, qui ne doit pas en outre passer par des références savantes, obscures ou ésotériques. Au final, ce sont donc deux projets, très différents dans la forme, qui se dégagent du brainstorming. Nous choisissons alors de ne pas choisir... De se laisser un peu de temps de recul et de réflexion. Et de laisser la parole aussi aux personnes extérieures intéressées, avant de prendre une décision définitive. Voici donc les deux affiches en lice :

Cosette -Forever-Wham (nom donné par son créateur)

Misérables-Test (appellation du créateur)
(la même en quadri) Misérables-Test-Couleur



Un petit sondage vous est proposé. Vous pouvez aussi déposer un commentaire.

lundi 12 mars 2012

Annie Le Brun : comme on fait son rêve, on fait sa vie

Annie Le Brun n'est pas une femme commode : née en 1942 à Rennes, elle rencontre André Breton et fréquente le dernier cercle de surréalistes. A la demande de Jean-Jacques Pauvert, elle préface les œuvres complètes de Sade. Auteur d'études sur Jarry et Roussel, et d'essais parmi lesquels : "Du trop de réalité" (2000), elle signe dans Le Monde daté du dimanche 11, une vibrante tribune : Victor Hugo maintenant ! , où, par-delà l'éloge, elle s'élève contre l'utilisation actuelle de l’œuvre : "D'abord parce que, comme lors de chaque campagne électorale, du fait de l'immensité de son œuvre et de son sens de la formule, le voici à nouveau pris en otage par les pourvoyeurs d'"éléments de langage". Mais aussi parce que, cette année, la célébration du cent cinquantième anniversaire de la publication des Misérables ne nous aura épargné aucune banalité ni erreurs de rigueur."

Plus loin, elle écrit : "Pour unanime qu'elle soit, l'actuelle célébration des Misérables ne change rien à l'affaire, quand chacun retaille Victor Hugo à sa mesure, comme si, cent cinquante ans après, il lui était encore reproché "lorsque tout le monde est petit" d'avoir "la manie de "faire grand"". Et bien sûr, sans qu'on se soucie d'échapper au travers qu'il déplorait par avance à propos des "vues partielles" qui "n'ont qu'une exactitude de petitesse (...). A qui n'interroge pas le tout, rien ne se révèle" (Proses philosophiques)."

Il faudrait tout citer, ce que je ne veux pas faire ici. Mettons l'accent seulement sur le refus du plat réalisme qu'Annie Le Brun voit partout à l’œuvre, en politique et dans les arts. La haine de l'utopie lui semble la pierre de touche de ce temps, à laquelle elle oppose la puissance poétique de Hugo, "cette prodigieuse capacité de refuser ce qui est pour se projeter dans ce qui n'est pas, ou mieux de miser, comme il le dira dans Le Promontoire du songe, sur " le monde qui est et qui n'est pas "."

Elle termine en vantant le courage de Hugo qui, après dix-neuf ans d'exil, n'hésite pas à prendre le risque d'accueillir des Communards en fuite. "Le secret de ce courage, Hugo ne cherchera qu'à le faire partager, en montrant, que "personne n'est hors du rêve" et que "nous sommes les aventuriers de notre idée". Autrement dit, en montrant comment le grand refus politique vient puiser au grand refus poétique. Car s'il affirme superbement que "l'irrésistible est au fond des révolutions", c'est qu'il aura été un des très rares à prouver que "comme on fait son rêve, on fait sa vie"."


Annie Le Brun a conçu l'exposition "Les arcs-en-ciel du noir : Victor Hugo" qui est également le titre de son livre à paraître bientôt (Gallimard, 140 p., 19 €). L'exposition se déroule du 15 mars au 19 août à la Maison de Victor Hugo à Paris.

jeudi 1 mars 2012

Andy Hugo ou Victor Warhol ?

Hervé, mon vieux compagnon de route, de planches, de castelet, de galère parfois, s'est fendu d'un projet d'affiche pour la pièce. Je ne sais s'il sera retenu mais en tout cas il est intéressant à plusieurs points de vue.



On aura reconnu une double filiation picturale : la figure reproduite en quatre exemplaires est celle du dessin de Hugo représentant Gavroche à 11 ans.


La série reprend celle d'Andy Warhol sur Marylin, réalisée précisément en 1962.


De fait, Warhol déclinera le portrait de Marylin dans de très nombreuses séries tout au long des années 60. C'est peu après la mort de la star le 5 août 1962 qu'il avait réalisé sa première sérigraphie, d'après une photo de publicité de Gene Korman pour le film Niagara sorti en 1953.

Sur le site Webexhibits.org (en anglais), vous pouvez d'ailleurs vous amuser à faire varier les couleurs, les valeurs et les fonds grâce à une palette de boutons interactifs.

Belle idée d'Hervé donc de marier l'un des personnages emblématiques des Misérables avec l'une des icônes du Pop Art.