Roland Dubillard est mort hier. L'occasion ne s'est jamais présentée pour moi de jouer les textes de cet auteur également acteur (il a joué pour Mocky, entre autres). Mais il n'est pas dit qu'un jour on ne prenne pas envie d'interpréter une de ses pièces avec ses dialogues marqués, lit-on souvent, par l'absurde. Je me demande maintenant si ce mot d'absurde n'est pas une facilité, parce que si l'on veut dire par là que ce qui se dit est dépourvu de sens, on est, me semble-t-il, passé à côté de la cible. Il suffirait alors de mettre n'importe quels mots les uns au bout des autres pour faire de l'absurde, et l'on voit que ce n'est pas ça. Comme en témoigne ce savoureux passage des Diablogues, avec François Morel et Jacques Gamblin.
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L'absurde, si on tient à garder ce mot pour qualifier le théâtre de Dubillard, ce n'est pas le n'importe quoi. C'est même tout sauf du n'importe quoi. Mais alors c'est quoi ? Bon, ben là ça se complique. Inutile de vous dire que je n'ai pas de théorie sur la question. Mais esquissons une piste : l'absurde n'est-il pas plutôt une sorte de logique délirante ? un vertige dans l'enchaînement des causes et des conséquences ? un raisonnement poussé dans ses ultimes retranchements ? une cogitation qui a complètement décollé de la réalité en partant pourtant de la simple observation de cette réalité ?
En fait, qu'est-ce que vient faire Roland Dubillard sur ce blog, qui ne se veut absolument pas notice nécrologique fut-ce des auteurs de théâtre ? Eh bien, j'en parle parce que sur le blog de La main de singe, un article consacré au dramaturge renferme une vidéo de l'Ina le montrant dans Lecture pour tous, l'émission de Pierre Dumayet, datant du 28 novembre 1962.
1962, l'année qui nous occupe bien sûr, mais il y a surdétermination : le 28 novembre c'est mon jour anniversaire. Ce jour-là, j'avais deux ans.
Je me demande si à traquer ainsi les références fortuites à 1962 (pour bien spécifier que je ne prends que celles qui se présentent à l'occasion), je ne nage pas moi-même dans une certaine absurdité...
Envie de reprendre une belle formule (absurde ?) de Dubillard, citée par Gilles Heuré, « C’est inutile, mais ça vaut la peine ».
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