mercredi 18 juillet 2012

Premier filage et Gavroche

Premier filage partiel : de la scène 1 à la scène 19, un gros morceau donc de la première partie, avec deux scènes de foule, la charrette de Fauchelevent et le tribunal. Le test pour certains enchaînements. Bilan contrasté : l'ensemble se met en place avec une relative aisance, mais plusieurs transitions doivent être resserrées, les installations et désinstallations de mobilier sont parfois hasardeuses, quelques scènes restent très fragiles et certains comédiens sortent du jeu, alors qu'il y a nécessité de jouer avec l'incident s'il se présente, d'enchaîner quoi qu'il se passe.
On termine à 23 h 30, avec l'humidité de la nuit qui trempe nos textes, mais la splendeur des étoiles est comme une promesse d'une plus belle journée encore.

Nos techniciens et bénévoles ont été plus que jamais à l’œuvre : entre autres, le plancher du plateau central est terminé, une fontaine pour Cosette a été édifiée, ainsi qu'un banc pour la scène de Marius et Eponine.

La fontaine de Cosette



Répété aussi l'après-midi les scènes de Gavroche avec les deux groupes, les bruns et les blonds. Sur Gavroche, Hugo écrit ceci :
"Il avait une père et une mère. Mais son père ne songeait pas à lui et sa mère ne l'aimait point. C'était un de ces enfants dignes de pitié entre tous qui ont père et mère et qui sont orphelins.
Cet enfant ne se sentait jamais si bien que dans la rue. Le pavé lui était moins dur que le cœur de sa mère.
Ses parents l'avaient jeté dans la vie d'un coup de pied. Il avait tout bonnement pris sa volée."
 Pierre Péju, dans un très bel essai sur l'enfance, Enfance obscure (Gallimard, 2011), commente ce passage en ces termes.

" Voilà un enfant mal-aimé, oublié, jeté et rejeté. Un enfant battu. De qui s'agit-il ? Encore Gavroche, le fils maudit duu couple Thénardier, dont Victor Hugo,nous l'avons vu, fait l'emblème du peuple, de la ville de Paris, de la révolution, de la liberté. Ce "bout d'enfance" maltraitée qui rôde dans la nuit et les recoins infects, cette "petite grande âme" annoncerait, à elle seule, un avenir émancipateur, car dans Les Misérables comme dans nombre de poèmes hugoliens l'écrasement de l'enfance annonce un renversement imminent et radical. Maltraiter l'enfance est la pire bassesse dont sont capables les humains, l'ultime forfait d'un ordre social injuste avant sa métamorphose. De la même façon, la cruauté initiale de Valjean envers Petit Gervais qu'il effraye et humilie afin de lui voler sa pièce est l'occasion, pour l'ex-forçat brutal, d'un "devenir saint", et même d'une sorte de "devenir femme" puisqu'il réapparaît comme "Monsieur Madeleine", tout de bonté et de sensiblité à la condition prostitutionnelle de la femme pauvre."

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