vendredi 20 juillet 2012

Nuit d'éclairage et cheval-jupon

Tout à coup un homme à cheval, vêtu de noir, parut au milieu du groupe avec un drapeau rouge, d’autres disent avec une pique surmontée d’un bonnet rouge. Lafayette détourna la tête. Excelmans quitta le cortège.
Ce drapeau rouge souleva un orage et y disparut. Du boulevard Bourdon au pont d’Austerlitz une de ces clameurs qui ressemblent à des houles remua la multitude. Deux cris prodigieux s’élevèrent : — Lamarque au panthéon !Lafayette à l’hôtel de ville ! — Des jeunes gens, aux acclamations de la foule, s’attelèrent et se mirent à traîner Lamarque dans le corbillard par le pont d’Austerlitz et Lafayette dans un fiacre par le quai Morland.
       Victor Hugo, Les Misérables, T.IV.

Avant-hier, nuit d'éclairage avec Bruno et Marina. Mise au point sur les lumières de la première partie. A trois heures du matin, un petit vent aigre nous frigorifie et je ne suis pas fâché de redescendre de la tour.
La matinée suivante, tandis que la bruine fouette la campagne cluisienne, nous fouinons dans une autre tour, celle de la mairie, où le Manteau entrepose ses costumes et accessoires. Les vieilles salles défraîchies, où somnolent plusieurs décennies de spectacles, recèlent parfois des surprises. Un vieux landau fera ainsi une superbe charriote pour la chiffonnière, et l'on repart avec une provision de surins pour notre pègre. 
Le portique construit la veille pour accrocher des projecteurs en contres est finalement jugé à l'unanimité, et même par ses promoteurs, comme inesthétique et envahissant. Il est démonté. Travail pour rien, dira-t-on, mais c'est ainsi parfois, on tente des choses que l'on ne gardera pas. Le spectacle vivant n'est pas une science, mais une exploration avec ses inévitables errements, impasses et fourvoiements. L'important est de savoir rectifier le tir à temps.
Je me réjouis de revoir le cheval-jupon, cet accessoire de théâtre que j'adore, et dont le maître incontesté est notre ami Hervé, alias Thénardier. Il a pris en stage le jeune Ludovic (qui doit le monter pendant la pièce). Avec lui, on a l'impression que la bête de grillage et de carton-pâte est animée d'une vie autonome.
Grand galop
Calmer la bête
L'auberge se remplit peu à peu, frigos, comptoirs, armoires, vitrine réfrigérée, chaises, tables, chauffe-eau. On résout les problèmes de plomberie, on met en fonction les toilettes sèches. On débarrasse l'abri costumes de tout ce qui l'encombrait et l'on place les portants, il faut étiqueter, classer, répertorier. Bref, ça turbine dans les ruines.

Marina et Bol au montage des blocs secours (courage, Marina, plus que cinq à faire)



Un article dans La Nouvelle République hier.

1 commentaire:

  1. Marina Gabillaud-Lamy20 juillet 2012 à 07:31

    Enfin ca y est, j'ai fini. Merci Patrick pour ce soutien

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