mercredi 27 juin 2012

La vitesse, c'est l'avenir

Le 17 janvier, je signalais la parution chez Denoël du livre de Bertrand Le Gendre intitulé 1962, l'année prodigieuse. De fait, je ne l'ai acheté que samedi dernier, redoutant vaguement le bouquin de circonstance, surfant sur la mode commémorative. J'avais tort, c'est fort instructif tout en étant rédigé dans un style vif et alerte. J'ai appris une foule de choses, et pas seulement sur cette seule année 1962.

Contraste absolu avec notre propre époque, la croissance y atteint le score, jamais égalé depuis, de 6,8 %, avec un taux de chômage de 2% seulement (et encore, est-ce en raison de l'arrivée massive des rapatriés d'Algérie). La machine économique marche si fort que l'on peut rembourser par anticipation les dettes contractées après-guerre. Giscard, alors ministre des Finances, remet "avec fierté" le jeudi 12 juillet au général James Gavin, ambassadeur des Etats-Unis à Paris, un ordre de virement au Trésor américain de 293 400 000 dollars.
    "1962, année phare : premier pas en politique d'un inconnu, Georges Pompidou [...] ; première collection, sous son nom, d'Yves Saint-Laurent ; première traversée transatlantique du paquebot France ; premier numéro du mensuel Salut les Copains ;  sortie du premier disque des Beatles ; lancement du premier satellite de communication Telstar... Que de premières !
    Tout au long de l'année, les événements se bousculent sur ce tempo exubérant. Ils charment leurs contemporains et aiguisent leur moral. Plus vite, toujours plus vite, l'horizon est d'azur. Lorsqu'il visite le Salon de l'auto, le 9 octobre, de Gaulle traduit le sentiment général qu'il n'y a pas une minute à perdre : "160 à l'heure ? Parfait. La vitesse, c'est l'avenir." (p. 9)  
 Il y a 50 ans, le 27 juin 1962, les actualités s'ouvraient sur l'Algérie. L'OAS avait officiellement déposé les armes. On s'apprêtait à voter pour le référendum qui allait conduire à l'indépendance. Le commentaire se veut pourtant optimiste : il parle de communautés qui recommencent à vivre ensemble. La dernière image montre un chef de wilaya qui exhorte le peuple à aller aux urnes et qui déclare en même temps aux Européens : Vivons main dans la main.



La désillusion sera terrible.

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