dimanche 19 mai 2013

1962, copains et jus de raisin

"La pluie ayant pris la place de l'Esprit Saint pour tomber sur nos têtes, j'ai occupé mon temps en repartant vers 1962...." Dixit Javert dans son mail. Il y joint le texte suivant, souvenirs fringants d'un baby boomer qui ne se savait pas tel.

"Il n’y a qu’une chaîne en noir et blanc et tous les soirs avant le journal télévisé ce sont les 13 minutes du feuilleton, plus précisément depuis octobre 61 et avec ses 115 épisodes pendant tout l’hiver 61/62 : « Le temps des Copains » d’après le livre éponyme de Jean Canolle.

Les Copains du feuilleton ont-ils tiré leur nom de l’émission d’Europe 1 diffusée depuis 1959 ?
L’histoire : Trois jeunes provinciaux montant à Paris pour rejoindre, l’un les Beaux Arts, l’autre Sciences - Po et le troisième l’ École de Médecine ; trois nouveaux étudiants dans le Paris des années 60, à une époque où il y a moins du quart d’une génération qui passe le BAC mais où bientôt on inaugurera chaque jour un nouveau Collège d’Enseignement Général.
Trois étudiants qui auraient pu à quelques années près s’appeler Cohn-Bendit, Geismar et Sauvageot, en 1962 nous n’en sommes pas encore là…
Parmi les trois héros , l’un est interprété par Henri Tisot, une des grandes vedettes de 62 avec son imitation du Général de Gaulle (en fait l’enregistrement de « L’Autocirculation » a eu lieu en octobre 1961 mais les choses allant à l’époque moins vite qu’aujourd’hui le succès s’est répandu largement sur 1962.) Maintenant que l’on est gavé d’imitations souvent si approximatives qu’on en vient à se dire que le personnage réel imite mal son imitateur.



Je viens de réécouter « L’Autocirculation » et les discours de De Gaulle à propos de l’autodétermination proposée aux « ex-colonies », je laisse chacun juge mais à 50 ans de là tout est bien décrit et prévu, pour la décolonisation, mais aussi en passant par le traitement de la circulation à Paris.


Revenons au temps des copains.


Nous ne savions pas que nous étions les Babys Boomers et n’avions même qu’une conscience assez limitée de ce qui se passait, mais je pense que nous sentions quand même que nous formions un groupe, une classe : pas déterminée par la naissance, pas par l’origine géographique ou sociale, pas une classe sociale donc : simplement une classe d’âge.


Et c’est d’ailleurs ce qui nous était reproché par tant d’idéologues qui auraient bien voulu nous compter parmi leurs troupes. Les deux fameux articles d’ Edgar Morin ( juillet 1963) sont là pour démontrer cette incompréhension de nos aînés qui s’étaient tous largement engagés avec et dans des idéologies qui à force de se croiser, s’entre-croiser, se contredire elles - mêmes, n’étaient pour nous plus très lisibles. Mais bientôt on allait en recréer de nouvelles, spéciales jeunes : nous irons tous chercher les Petits Livres Rouges gratuits à l’ambassade de Chine, chaque chambre d’ado aura son poster du Che , nous manifesterons contre la bombe atomique, pour l’U.S. GO HOME…Et nous serons vite en 68.


Pour finir je voudrais évoquer une dernière vedette des années 60.



LE SALON DE L’ENFANCE.


Tous les ans en novembre il se tenait d’abord au Grand Palais comme le salon de l’Auto ou celui des Arts Ménagers pour nos pères et mères (les choses étaient plus sexuées que maintenant ) avant d’émigrer vers la porte de Versailles après un passage au CNIT de la Défense.


C’était une grande foire où l’on trouvait beaucoup de marques commerciales qui commençaient à comprendre que les enfants étaient prescripteurs des achats des parents.


Il y avait aussi les institutions : c’est là que j’ai gagné je ne sais plus si c’était encore 100 vieux francs ou déjà 1 nouveau franc (le prix alors d’un petit beefsteak) pour ouvrir mon premier livret de Caisse d’Epargne, que mes grands parents s’étaient chargé de remplir un peu plus, tout bénéfice pour ce qui n’était pas encore l’Ecureuil.


C’est de ce salon que j’ai aussi,( en quelle année ?) ramené cette petite merveille due à la prévention contre l’alcoolisme : un disque souple enregistré par un groupe yé-yé oublié mais dont je me souviens parfaitement des paroles de la chanson tant je les avais déjà trouvées d’une puissante bêtise :


« François Villon aimait la vie
Et Verlaine connut l’aventure
En leur honneur, nous les Copains,
On va boire un jus de raisin »


Imaginer Villon ou Verlaine devant un verre de jus de raisin… ?

Amis de la poésie, de l’histoire littéraire et du jus de raisin : Bonsoir !

Pour finir une Pub pour Danone.




On comprend que ce Salon de l’Enfance, dont en passant on ne retrouve pas grand chose en cherchant sur le pourtant bien renseigné NET, que ce salon donc ait été une des victimes collatérales de Mai 68…


Salut les Copains.



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